Charles
Ce que j'ai envie de faire aujourd'hui, c'est vraiment une discussion naturelle, sans pression. Là, typiquement, on est en train d'aborder les différences culturelles à travers nos points de travail. C'est intéressant, je pense, pour les personnes qui nous écoutent. Là, c'est bon. Tu es live, comme on dit.
Samuel
D'accord. Peut-être, je devrais me présenter si Les écouteurs. Ça se dit les écouteurs, ceux qui écoutent ?
Charles
On va plus parler des auditeurs.
Samuel
Les auditeurs.
Charles
Et on parle de l'audience pour les personnes qui écoutent. Mais effectivement, c'est vrai qu'on n'a pas commencé par ça, mais j'aime bien avoir une introduction un peu originale. Mais est-ce que tu peux te présenter et nous dire qui tu es, ce que tu fais et pourquoi on se parle aujourd'hui ?
Samuel
Oui, bien sûr. Je me présente, je m'appelle Samuel Blanc et je suis professeur aux États-Unis. J'habite à San Diego en ce moment. Je suis professeur de langues étrangères, notamment prof de français langue étrangère pour les adultes et aussi prof d'anglais. J'enseigne l'anglais comme langue seconde, on va dire, dans une école de langues. Comme je disais, je travaille à peu près 30 heures la semaine entre ces deux postes. Normalement, la culture de travail aux États-Unis est très forte, c'est-à-dire que Parfois, les gens ici vivent pour travailler et non vice versa. C'est quelque chose que je n'aime pas du tout. Pour moi, avoir assez de temps libre pour me détendre, c'est très important et j'aime bien la flexibilité que j'ai dans ces deux postes de prof.
Charles
Tu fais quoi sur ton temps libre ? Tu disais que tu passes environ 30 heures par semaine à enseigner le français et l'anglais. Et à côté de ça, tu as des passions ?
Samuel
Moi, j'ai plusieurs intérêts, à part les langues, mais évidemment, j'adore tout ce qui est langues étrangères et les voyages, les cultures. J'aime bien aussi l'aviation C'est une grande passion que j'avais depuis ma jeunesse. Je ne suis pas pilote officiellement, mais j'adore tout ce qui est l'histoire des avions et construire des avions modèles. J'ai une collection des avions chez moi. Alors, quand je ne travaille pas, j'aime bien construire des modèles et les peindre. Aussi, j'ai un Un simulateur de vol juste sur mon PC et j'aime bien voler, si on peut dire comme ça, piloter tout type d'avion. C'est un jeu que j'adore. J'aime bien explorer ce métier, cette passion plutôt, quand je ne travaille pas dans mon métier. Sinon, je fais un de rester actif, faire du sport au moins quelques fois la semaine et profiter de la vie comme tous les autres.
Charles
J'ai envie de m'arrêter un peu sur cette passion qui est quand même assez originale et qui m'intéresse beaucoup parce que j'ai aussi un intérêt pour l'aéronautique. Là, j'ai plein de questions qui me viennent à l'esprit. La première, c'est pourquoi tu n'as pas choisi d'être pilote ? Et est-ce que tu as déjà à ton actif plusieurs heures de vol ?
Samuel
Je n'ai pas de record comme ça qui qui comptent les heures de vol, même dans le jeu.
Charles
Est-ce que tu pilotes le week-end des vrais avions ?
Samuel
Non. Je ne fais pas de cours de l'aviation, par là où on aurait, en principe, le droit de piloter un vrai avion. Mais j'étais toujours juste plus intéressé par le français, on va dire, et les cultures et le métier d'enseignement. Je me voyais plus dans le rôle de prof, avec ce chapeau, on va dire. Alors enfin, c'est un peu pour cela que j'ai continué dans ce sens-là. Mais je pense que c'est hyper important, peu importe son métier, d'avoir ses intérêts à soi, à part sa vie professionnelle. C'est ça qui donne du plaisir à la vie.
Charles
Et restons sur l'aéronautique un peu. C'est quoi ton modèle d'avion préféré ?
Samuel
Moi, j'adore tout ce qui est Boeing, l'avion commercial, on va dire, pour les compagnies aériennes. Tous les jets de Boeing m'intéressent. L'histoire de la compagnie, son engagement militaire et la versibilité, si on peut dire, de ces produits sont fascinants.
Charles
Qu'est-ce que tu penses, du coup, de la chute du cours l'action de Boeing en ce moment et de tous les problèmes qu'ils ont eus ?
Samuel
C'est triste comme n'importe quelle histoire d'une compagnie avec n'importe quel problème, mais quand même, c'est une compagnie qui a une grande histoire, qui a commencé sa fabrication d'avions même avant la Seconde Guerre mondiale. Et je pense que ce n'est pas du tout la fin de cette entreprise. Il y aura des points forts et faibles, si je peux dire, des hauts et des bas. Et malheureusement, je pense que la gestion n'est pas forcément la meilleure, mais je croise les doigts pour Boeing pour l'avenir. C'est quand même un fournisseur d'avions pour le monde très puissant, malgré tout, et dans presque que tous les aéroports, même tous les aéroports qui ont des passagers, accueillent les Boeing à un moment ou un autre.
Charles
Tout à fait. Est-ce que tu as une compagnie aérienne préférée ? J'imagine que tu voyages, soit aux États-Unis ou alors peut-être dans des pays à l'extérieur du continent américain. Tu as une compagnie aérienne Un des compagnies préférées ?
Samuel
C'est vrai que quand j'ai fait mes études en Europe, je voyageais même plus qu'aujourd'hui et j'ai eu l'occasion de voyager dans les compagnies européennes et aussi américaines et d'autres pays. Mais une compagnie aérienne préférée ? Je ne sais pas si j'en ai une, honnêtement. J'ai eu toujours J'ai toujours des bonnes expériences sur Air France, honnêtement. Je trouvais que la nourriture était toujours d'excellente qualité sur Air France. De mon expérience, les équipages étaient toujours professionnels et agréables. J'aime bien aussi Southwest, aux États-Unis. C'est une compagnie qui a été originalement low cost, on va dire, mais c'est une compagnie plus standard comme les autres, mais j'aime bien l'efficacité de cette compagnie et c'est très facile de voyager n'importe où aux États-Unis avec eux. Et comme j'habite aux États-Unis, normalement, la plupart de mes voyages sont domestiques dans le pays, on va dire. Mais quand je voyage à l'international, en France, j'aime bien choisir Air France ou bien Delta ou United, ne sont pas mal non plus.
Charles
Est-ce que tu as vu, la semaine dernière, Air France a annoncé l'inauguration de sa première ? Tu as généralement différentes classes. Dans un avion, tu as la classe éco, la classe intermédiaire éco+, la classe business et chez certaines compagnies aériennes, tu as la première. Et La semaine dernière, Air France a annoncé sa nouvelle cabine. Je ne sais pas si tu as eu la possibilité de voir à quoi elle ressemble ?
Samuel
Un tout petit peu. À tes yeux, comment la première qui vient de sortir est-elle différente par rapport à la classe première du passé ?
Charles
Je ne pourrais pas vraiment la comparer à la cabine précédente parce que je ne sais pas à quoi ressemblait la cabine précédente. En revanche, je peux comparer par rapport aux autres cabines dans des compagnies comme Emirates, où j'ai vu passer certaines images. Ce que j'aime bien dans cette cabine, c'est ce côté très épuré. Il y a beaucoup d'espace, notamment la hauteur. Je suis assez grand, donc j'apprécie quand il y a de l'espace, quand je me sens pas trop enfermé. Et ce que je valorise beaucoup, c'est souvent ce qu'il y a hors de la cabine. Pour moi, l'expérience, la première, commence bien avant le vol en lui-même. Ça commence dès que tu sors de chez toi. Alors, je ne sais pas comment toi, comment ça se passe quand tu vas à l'aéroport de chez toi. J'ai la chance d'habiter à Paris. Donc l'aéroport, il y en a plusieurs. Il y a trois aéroports près de Paris ? Je ne sais pas si tu connais les aéroports ?
Samuel
Chart de Gaulle, Orly et Le Borger, non ? Tout à fait.
Charles
Tu connais un peu les différences, la spécificité de chacun ?
Samuel
Plus ou moins. J'ai passé un certain temps à Paris et j'ai volé dans deux de ces trois. Alors, char de Gaulle et Orly, ils sont pour les passagers, commerciaux, on va dire, et le Borger, ce n'est que pour les avions privés, c'est ça ?
Charles
Tout à fait, oui. Tu as eu la possibilité de participer à des événements au Bourget ?
Samuel
Oui, une fois. Je pense que c'était en 2017, si je ne me trompe pas, il y avait un airshow à l'aéroport du Bourget, c'est ça ? Il y avait énormément d'avions de chasse, des compagnies françaises. Il y avait un A380 aussi, un Concorde. C'était la première fois que j'ai pu voir tous ces avions ensemble et c'était très spécial. Et pour moi, surtout parce que j'étais déjà en France et c'était ma première fois de vivre toutes ces sortes d'expériences à la française, on va dire, et de voir le French Touch, si je peux dire, à tout ça. Et oui, c'était un bon souvenir. Je me souviens aussi à quel point le bruit était fort de ces avions de chasse quand ils volaient autour de l'aéroport.
Charles
Tu parlais de French Touch et tu as cité notamment le Concorde. Qu'est-ce que tu penses du destin tragique qu'a connu le Concorde ? Et est-ce que tu peux expliquer aux auditeurs un peu, pour ceux qui ne connaissent pas, que représentait cet avion ce que c'était et pourquoi il a connu le destin tragique qu'il a connu ?
Samuel
Oui. La Concorde, c'était un avion hypersonique Ça se dit comme ça ?
Charles
Oui, tout à fait, qui pouvait voler à la vitesse du son, il me semble.
Samuel
Voire dépaté. Disons deux fois plus vite qu'un jet de nos jours, on va dire. Hyper rapide et je pense que cet avion fonctionnait. C'était en service, on va dire, pendant 10 ans, si je ne me trompe 20 ans à peu près. Malheureusement, cet avion n'a pas connu une très longue vie, mais ça a commencé vers la fin des années 90, quelque chose comme ça, 80. Et puis, je pense que le dernier vol, c'était en 2003. Et bien que la vitesse soit rapide, ce n'était pas très bon pour le marché des avions ou des compagnies aériennes. Ça coûtait cher. Le prix était très cher pour toute l'essence qu'il fallait pour faire voler cet avion. Et aussi, c'était un peu dangereux aussi. Je pense que ce type d'avion a connu quelques accidents, soit pour une raison ou une autre. Et enfin, les responsables ont décidé qu'il ne valait plus la peine d'opérer l'avion à cause de ces petits soucis de sécurité. Mais enfin, c'était révolutionnaire, malgré tout ça, il faut le dire, parce qu'ils pouvaient traverser l'Atlantique en trois heures. Et ça, ça voulait dire qu'on On pouvait en principe, prendre le déjeuner à New York et le dîner à Londres, par exemple, ce qui est juste une dinguerie.
Non, c'était révolutionnaire comme technologies. Et peut-être, on a mis des pierres à l'édifice, si je peux dire, pour continuer à faire évoluer ce genre de technologies.
Charles
Si on peut parler un peu de l'avenir de l'aéronautique, on n'est pas des experts, mais vu que tu t'intéresses un peu à cette industrie, est-ce que déjà, tu as vu les différents projets qu'il y a pour relancer le Concorde, sans l'appeler Concorde, mais juste produire des avions commerciaux hypersoniques ? Je ne sais pas si tu as suivi un peu les différents projets qui proposent cela.
Samuel
Je connais très peu à ce sujet, j'avoue, mais récemment, j'ai vu quelques compagnies d'espace qui tentent un peu la même chose, mais pour les astronautes, c'est-à-dire rendre plus faisables les vols en espace pour le public.
Charles
Tu parles de Blue Ocean, SpaceX ?
Samuel
C'est ça.
Charles
Tu penses que ce sera possible d'aller dans l'espace en tant que particulier dans combien de temps ?
Samuel
C'est dur à dire. Je pense que même aujourd'hui, c'est faisable, mais pas tout le monde a une grosse somme qu'il faut pour dépenser pour vivre ce genre d'expérience. Mais en tout honnêteté, je ne sais pas si dans nos vies, on va voir cela très commun, on va dire. Je veux dire que ça va rester quelque chose de très particulier, réservé aux riches et au public très particulier.
Charles
On verra. Franchement, c'est vrai que c'est difficile de se projeter. En revanche, vous avez un entrepreneur aux États-Unis du nom d'Elon Musk qui promet d'aller vivre sur Mars. Tu penses que c'est quelque chose que l'on connaîtra de notre vivant ?
Samuel
Je pense qu'avoir un rêve, c'est important, déjà, parce que c'est le début de chaque réussite. Parce que sans essayer de dépasser une limite, ce n'est pas possible de grandir ni d'évoluer. Mais pour ce rêve en particulier, je pense que c'est assez extrême, parce que la seule fois déjà que l'humanité a mis son pied sur une autre pierre en espace, c'était la Lune. Et les astronautes n'étaient là que pour un jour quelques jours maximum. Alors, ce n'est pas construire une vie dans l'espace, c'était une petite visite, on va dire. Mais je pense que quand même, la technologie va continuer à développer et on va pouvoir peut-être envoyer des astronautes à Mars, mais pour vivre, ça veut dire construire une société et être indépendant, je doute que ce soit possible.
Charles
C'est quoi votre rapport à l'avion aux États-Unis ? Parce qu'en France, c'est quand même assez décrié, notamment pour des raisons écologiques. Il y a plusieurs lois qui sont passées pour notamment mettre en place des impôts pour financer cette transition d'orientation environnementale, pour financer aussi la recherche et l'innovation dans des nouveaux carburants plus responsables et respectueux de l'environnement. Aux États-Unis, est-ce que c'est un moyen de transport qui est tout à fait banal et qui n'est pas du tout critiqué ? Ou est-ce que c'est mal vu ? Comment vous percevez un peu l'aviation ?
Samuel
Pour Pour nous, déjà, c'est très commun prendre l'avion pour n'importe quel voyage. Déjà parce que les distances aux États-Unis sont énormes par rapport à l'Europe. L'europe, c'est plus petit et vous avez une infrastructure des chemins de fer, des trains beaucoup plus développés. Par exemple, si j'étais à Paris, je choisirais le train pour aller en Allemagne, peut-être, ou pour visiter mon voisin en Belgique, peut-être. Bien que l'avion soit faisable, normalement, on préfère voyager par TGV, par exemple.
Orateur 3
C'est plus facile, c'est un peu plus propre, il faut moins de que pour tout ça.
Samuel
Mais non, aux États-Unis, le premier réflexe, normalement, c'est prendre l'avion. C'est C'est quelque chose qu'on fait sans trop de discussion, il me semble. C'est juste une partie normale de la vie, mais je pense que c'est important de penser quand même aux alternatives à la développement des carburants sains, on va dire. Mais d'après ce que je vois, ça reste Ça reste quelque chose non trop creusé, non trop développé pour le moment.
Charles
Tout à l'heure, tu parlais de ton expérience en France et on en a pour l'instant pas du tout parlé, mais je pense que c'est quand même assez intéressant. Une chose qui me surprend quand je t'écoute parler, c'est que tu as très peu d'accent. Tu es Américain, tu as, j'imagine, grandi aux États-Unis et Il me semble que tu as passé trois ans en France seulement et ton accent est plutôt neutre. Donc, j'aimerais bien que tu nous parles un peu de ça. Déjà, pourquoi tu es venu en France ? Qu'est-ce que tu as fait là-bas ? Et potentiellement, si tu as des conseils à donner pour avoir un accent aussi neutre que le tien. Quand je dis neutre, c'est bien sûr pas du tout négatif. C'est plutôt un avantage, je pense. Tu es venu quand en France ? Et à quel âge ?
Samuel
Pour la première fois, en tant qu'étudiant, je suis venu en France à l'âge de 18 ans et c'était en 2015. Alors maintenant, tu peux calculer mon âge. Non, je rigole. Mais enfin, oui, j'étais en France pour la vie étudiante pour trois ans à peu près, j'ai fait certainement des allers-retours aux États-Unis pendant ce temps-là, entre 2015 et 2018. Pour répondre à cette question de mon accent, je pense que c'est juste qui je suis. Je parle naturellement et je ne fais pas l'effort de sonner français, on va dire. J'ai passé beaucoup de temps avec des natifs quand j'étais toujours assez jeune en France et peut-être mon cerveau était dans son dernière phase de développement, on va dire. Et j'ai eu une oreille adaptée au son du français, on va dire. Il faut peut-être aussi mentionner que quand j'étais jeune, je chantais dans une chorale dans mon lycée. J'adore la musique et je pense que dans la tête, dans le cerveau, la musique et les langues fonctionnent de façon très similaires parce qu'en langue, il y a aussi une musicalité et un rythme. Alors, si on a un petit talent, on va dire, pour la musique, un côté musical, ça peut se prêter respecté à un talent pour les langues étrangères aussi.
Aussi, si on est fort en langue maternelle, pour moi, par exemple, quand j'étais tout petit, même avant de commencer mes études de français, j'adorais toujours lire et écrire en anglais. Depuis un très jeune âge, j'adorais écrire des courtes histoires et écrire toutes sortes de textes en anglais. J'avais un grand vocabulaire pour mon âge et si on est fort déjà en langue maternelle, ça va renforcer sa compétence en langue étrangère aussi. Alors, C'est-à-dire, si on prend en compte tous ces faits, peut-être on peut expliquer un peu la raison pour laquelle c'était relativement facile pour moi de progresser en français Mais je n'ai jamais pris la décision un jour: Je veux semer français, on va dire. Je pense qu'un accent, c'est quelque chose de beau, déjà, parce que c'est un reflet de la personne et de ses expériences. Et si on peut communiquer ou dire ce qu'il faut dire sans problème de communication, je pense que ça, c'est l'essentiel. Et si on a un joli accent malgré ça, c'est encore mieux.
Charles
C'est très encourageant, notamment pour tous les apprenants qui ont peur. C'est vraiment un retour que j'ai assez souvent des personnes qui ont peur d'avoir le mauvais accent. Et effectivement, tu l'as très bien dit, tant que ce n'est pas une barrière pour communiquer, tant que tu arrives à te faire comprendre, c'est le plus important et il ne faut pas chercher à être perfectionniste. Donc, je te rejoins tout à fait là-dessus. Quand tu es arrivé en France, c'était quoi ton niveau ? Tu parlais déjà plutôt bien, tu avais les bases, tu ne connaissais absolument pas la langue. Tu avais étudié avant ? Ça s'est passé comment un peu ?
Samuel
Au lycée, j'ai eu quelques professeurs de français niveau collège-lycée, mais j'ai fait un effort d'apprendre le français moi-même. Je pense que je t'ai dit déjà, mais j'ai eu un prof d'espagnol et de français qui m'a tellement inspiré. C'était mon premier prof de langues étrangères et je me voyais en elle. Je pense que c'était le début de de mon intérêt pour les langues étrangères. Et petit à petit, je continuais à étudier dans mes cours et aussi à côté, explorer mes propres intérêts à côté de mes études, mes devoirs. Et c'était un peu le début de mon expérience avec le français. Alors, quand je suis arrivé en France, on dirait que j'avais un niveau B1, c'est-à-dire intermédiaire, fin débutant, assez fort intermédiaire. Je pensais que je pouvais tout dire en français quand je suis arrivé. Mais le premier jour, quand je suis entré dans un café, quand je commençais à parler, c'était évident tout de suite que je n'étais pas français et je n'avais pas un niveau hyper fort. Par exemple, je me souviens que les gens riaient un petit peu quand je disais quelque chose qui n'était pas tout à fait naturel, mais pas vraiment de façon négative, mais plutôt: C'est marrant, il n'est pas français, quelque chose comme ça.
Mais au fil du temps, cela se passait de moins en moins. Par exemple, quand je prenais des Uber ou des taxi à Paris, tu sais, on a une petite conversation parfois avec le conducteur. Et Au début, l'une des premières questions des conducteurs, c'était: Vous venez d'où, monsieur ? J'entends un tout petit accent. Et puis, j'ai répondu toujours: Je suis des États-Unis, je suis Américain. Et la personne a répondu: C'est intéressant, vous parlez bien le français. Et puis, l'année d'après, on va dire, la question, c'était plutôt: Vous êtes étranger ? Vous venez d'où ? Et quand j'ai répondu: Je suis des États-Unis, le conducteur répondait en disant: J'aurais imaginé l'Allemagne ou la Suisse. Vous sonnez Suisse, il me semble.
Orateur 3
Et puis encore après ça, je pense que de moins en moins en moins personne croyait que je n'étais pas français ou francophone de base.
Charles
Qu'est-ce qui s'est passé du coup, entre cette première question dans le taxi et la fin de ton séjour en France ? Qu'est-ce que tu as fait pour pratiquer ton français ? Comment tu as fait pour progresser et pour sembler être un natif ou du moins suisse ou allemand ?
Samuel
Déjà, ce n'est pas mauvais d'être suisse, allemand, américain, français, peu importe la nationalité. Mais j'ai fait au début quelques programmes pour les étrangers, pour apprendre le français. J'ai fait un semestre à l'Université américaine de Paris et encore un semestre, ça veut dire trois à quatre mois, dans une branche de la Sorbonne pour les apprenants du français qui s'appelle Cours de civilisation française de la Sorbonne. C'est une très bonne école de langue et Après ça, j'ai fait ma dernière année à la Sorbonne, à Paris IV, la Sorbonne. J'étais toujours entouré par un public qui soit apprenait le français ou soit était français natif dans un milieu assez bien éduqué, je veux dire. Alors, je recevais toujours un français correct, on va dire, qui était essentiel pour établir et continuer à construire une base solide de français. Parce que c'est sûr que j'ai continué à apprendre après mon arrivée. Si j'avais un niveau B1 à ce moment-là, c'est sûr que j'ai un niveau encore plus élevé maintenant. Là où je n'ai pas besoin d'encore des cours de français pour apprendre, je donne même des cours aux autres et c'est dur à croire parfois. Aussi, pour un certain temps, j'étais très proche d'une famille qui m'a invité à dîner chez eux, une famille qui habitait à Paris.
Et j'ai connu la famille assez bien et je pense que ces conversations à table aussi m'ont aidé à améliorer mon français aussi. C'est très important quand on apprend une langue de pratiquer et parler, surtout hors de la classe.
Charles
C'est une question que j'ai souvent lorsque des personnes viennent à Paris, c'est: comment tu fais pour rencontrer des locaux ? Toi, tu viens de dire que tu as eu la chance de côtoyer une famille française, parisienne, j'imagine, que tu avais des amis à la fois apprenants et aussi des natifs. Comment tu as fait pour faire ces rencontres ?
Samuel
Oui, mais pour moi, c'était vraiment un cas très particulier. Je pense que c'était la première semaine que j'étais à Paris J'ai rencontré quelqu'un dans une boucherie, un petit marché. Imaginons que j'avais un accent un peu plus prononcé à cette époque-là que maintenant. Quelqu'un d'autre dans la boucherie m'a attendu. Par exemple, j'ai dit quelque chose comme: J'aimerais deux blancs de S'il vous plaît, s'il vous plaît, quelque chose comme ça. Et puis, à la fin de mon échat, elle m'a approché et elle a dit: J'ai entendu que vous n'êtes pas d'ici, vous venez d'où ? Et puis, on a entamé une toute petite conversation. Et puis, à la fin, c'était une femme âgée, une femme qui avait au moins 80 ans. Et Elle était très, très agréable. On a parlé pendant un petit quart d'heure. Et puis, elle m'a invité de venir chez elle pour rejoindre sa famille pour un déjeuner ce week-end-là. Et c'était une invitation très, très gentille et je me sentais à l'aise juste parce que c'était une grand-mère. C'était quelqu'un de bien et je voulais au moins prendre l'initiative d'aller chez elle pour accepter l'invitation au déjeuner. Et petit à petit, je commençais à connaître elle et sa famille et on a construit une vraie amitié.
Et au fil de mes trois ans, on est resté en contact et je dirais que j'ai mangé avec eux pour la même chose, un déjeuner le week-end, tant de fois Je ne peux pas, même pas compter combien de fois.
Charles
Et vous êtes toujours en contact ? Vous continuez à échanger, à vous envoyer des messages ?
Samuel
Oui, je fais un effort de leur rappeler au moins une fois par an, oui.
Charles
Ok. Ils sont venus te voir aux États-Unis ?
Samuel
Non, malheureusement, non.
Charles
Ok. Donc, sache que... C'est loin. C'est vrai que c'est loin et c'est aussi pour une personne âgée, je pense, une contrainte. Je ne sais pas quel est le temps de vol entre Paris et San Diego. J'imagine que c'est plus de 10h00, voire 12h00.
Samuel
Charles, il va falloir faire revenir le concorde.
Charles
Écoute, qu'est-ce qu'il faut privilégier ? La sécurité ou raccourcir le temps de vol ? Moi, je pense que...
Samuel
Je rigole, bien sûr. Non, je ne sais pas combien de temps exactement, mais c'est loin. Il faut mettre au moins, je pense, une semaine, même deux semaines pour un voyage en entier, s'il faut prendre 12 heures de vol, par exemple. Ce n'est pas un voyage que tu fais le week-end.
Charles
Pour revenir sur ton expérience en France, parce que c'est vraiment quelque chose qui, je pense, intéresse énormément de personnes qui nous écoutent. C'est déjà une vraie aventure. Je pense que c'est déjà une vraie aventure, je pense, C'est difficile, quand tu n'es pas français, de venir t'installer à Paris. Est-ce que tu as eu des difficultés, toi, lorsque tu as emménagé ici ? Tout s'est bien passé ? Tu avais de l'aide ? Ou alors c'était vraiment extrêmement compliqué de trouver un appartement, de ramener tes affaires. Puisque même pour des Parisiens, trouver un logement, c'est compliqué. Donc, j'imagine que pour un étranger, ça l'est. Toi, tu as eu quoi comme expérience en 2015 ?
Samuel
Alors, pour moi, heureusement, j'avais le soutien de ma famille. Alors déjà, je pense que ça, c'est très important pour réussir ce genre d'expérience.
Orateur 3
Mais en ce qui concerne le logement, j'étais toujours en logement réservé aux étudiants étrangers.
Samuel
J'habitais avec des colocs étrangers, notamment des États-Unis, dans quelques appartements différents Et puis, ma dernière année, j'étais dans un studio, mais encore loué via ce programme, cette entreprise qui se spécialise en logement appartement pour les étudiants étrangers.
Orateur 3
Alors, j'avais beaucoup plus d'aide, on va dire, que peut-être les Français ou les Parisiens qui essaient de trouver un appartement sur seloger.
Samuel
Com ou quelque chose comme ça. Je n'ai jamais dû naviguer ce genre de plateforme, honnêtement. Mais c'était cher. Il faut le dire que j'ai dû bien me payer pour tout ça.
Charles
Tu te rappelles un peu du prix du loyer ? C'était combien par mois ?
Samuel
Je ne veux pas te dire quelque chose qui n'est pas correct. Je ne me souviens pas exactement. Et plusieurs années ont passé. Alors j'imagine que ça coûterait même plus cher aujourd'hui. Mais non, tout ce que je me souviens, c'était que c'était cher. Pour une expérience ce qu'on vit juste une fois, étudier à l'étranger, il valait la peine, je pense.
Charles
Cette expérience et aussi le fait que tu as nettement progressé en français Je pense que tu ne parlerais pas aussi bien français aujourd'hui si tu n'avais pas pu venir à Paris.
Samuel
Je suis tout à fait d'accord. Et aussi, il faut préciser que je ne suis pas resté dans ma chambre devant mon ordi tout le temps non plus, parce que cela aurait été une possibilité aussi. Par exemple, il y a certains types d'étudiants qui se dit: Salut maman, salut papa, je pars en France, je pars en Allemagne pour étudier, entre guillemets. Et c'est juste pour un peu s'éloigner de ses responsabilités et ses parents chez eux. Et malheureusement, ils ne profitent pas du fait qu'ils soient dans un autre pays et ils ont une ressource culturelle à leur disposition. Mais moi, j'ai fait un effort de profiter de tout ça et j'ai gardé les épisodes Netflix et YouTube pour mon retour, on va dire.
Charles
Ça, c'est très intéressant parce que je vois très bien ce que tu veux dire avec le même cadre, le même contexte, deux personnes qui viennent en France pour trois ans. Tu en as une qui va faire l'effort d'aller rencontrer des Français, de parler français, d'avoir des activités en français, l'autre qui va rester avec des Américains, imaginons si elle est Américaine, et qui va pas progresser en français. Donc toi, à quoi ressemblait ton quotidien et qu'est-ce que tu as fait pour vraiment sortir de ta zone de confort et aller saisir cette opportunité pour améliorer ton français ? Et je pense aussi vivre une expérience inoubliable.
Samuel
Oui, alors, Je ne peux pas dire que j'ai passé tout mon séjour en France qu'avec les Français. Non, j'ai fait d'autres voyages hors de Paris, par exemple, avec les étudiants étrangers et les Américains. Et j'ai profité de vivre ce moment avec d'autres de mon pays aussi. Mais à la fois, Je voulais juste faire ce qui me plaisait, peu importe si c'était avec un public français ou non. Je voulais juste vivre mon quotidien de façon naturelle et si c'était avec un français ou non, tant mieux.
Charles
Voilà Tu faisais du sport en français, tu construisais des maquettes d'avions en français. C'est ça ? En fait, tu n'as pas vraiment changé ton quotidien, mais tu l'as juste fait en France et donc une des conséquences, c'était que tu parlais français ?
Samuel
Exactement. On peut le dire comme ça.
Charles
D'accord. Donc, tu n'as pas cherché à faire de nouvelles activités pour en le trait du monde. Tu ne t'es pas inventé une nouvelle personnalité pour sortir plus et augmenter tes chances de pratiquer ton français ?
Samuel
Non, pas exactement. Mais je parle seulement de mon expérience et de qui je suis et qui j'étais pendant ce temps-là. Mais cela dit, je peux te dire que j'ai vu une autre dimension de moi qui commençait à s'évoluer, un autre côté de Samuel. C'était moi, j'étais toujours la même personne, mais j'avais une sorte de personnage qui commençait à venir se présenter, à naître. Et Par exemple, parfois, quand j'étais avec les Français et je participais à des conversations en français, je me voyais un peu plus animé aimé, peut-être. Je veux dire que je parlais peut-être de façon un peu plus spontanée et peut-être je me comportais un peu différemment dans mon nouveau personnage français, qui était une sorte de libération de mon passé américain, mon passé anglais, on va dire. Et ça, c'était quelque chose vraiment d'exceptionnel que je n'aurais pas pu vivre, je pense, sans partir dans un autre pays. Les langues étrangères sont un peu comme le théâtre, je pense. Quand on parle, quand on s'exprime, il y a un côté théâtrale, je pense. On fait un peu comme acteur quand on est devant quelqu'un, il faut penser à quelque chose à dire en fonction de la situation, un peu comme un acteur sur scène, mais c'est une forme de théâtre improvisée.
On ne ne peut pas mémoriser tout ce qu'il faut dire quand on sort dans la vie réelle. C'est un peu comme une performance spontanée.
Charles
J'aime beaucoup ta comparaison avec le théâtre. Et c'est vrai que si j'applique ça à ma propre expérience, quand je parle anglais, j'aime ça et souvent, j'ai une personnalité différente. Et les gens me font remarquer que quand je parle anglais, je vais avoir des réactions, des émotions différentes. Et ça correspond bien à ce que tu décris avec ton image du théâtre. J'ai un rendez-vous dans cinq minutes. Donc, on va devoir clôturer ce podcast, même si j'ai un milliard de questions à te poser. Donc, on pourra, je pense, si toi, ça t'intéresse, refaire un podcast. Mais juste pour clôturer celui-ci, est-ce que tu as des conseils à donner à des apprenants de niveau intermédiaire qui ont des difficultés, qui perdent un peu leur motivation ? Et qu'est-ce que tu leur dirais pour les encourager, pour les aider dans cette aventure qu'est apprendre le français ?
Samuel
Je dirais Pense au moment où tu as commencé et juste regarde un peu en arrière et appréciez tout ce que tu as appris pour être à ce moment-là. Parce que déjà, si tu arrives à suivre une conversation juste comme ça, c'est super bien et tu devrais être fier de toi. Juste, continue à poursuivre Vivre ce que tu aimes, vivre les expériences que tu aimes et si c'est en français ou la langue que tu apprends, ça va naturellement se prêter à ton apprentissage. Alors, appréciez le fait que tu sois où tu es et juste n'oublie pas que ce n'est pas la fin et le reste viendra si tu te mets dans un contexte qui se prête aux échanges et à l'opportunité de pratiquer Voilà.
Charles
Belle philosophie. Si quelqu'un souhaite t'envoyer un message, prendre contact avec toi, on fait comment ? Tu as un compte Instagram, un mail, un endroit où on peut te contacter ?
Samuel
Oui, bien sûr. Comme j'ai dit, j'enseigne les cours de français aux Américains, aux États-Unis. À UCLA. Alors, n'hésite pas à m'écrire. Mon adresse mail, c'est sblank, sblank, alors mon nom de famille, @ucla. Com.
Charles
N'hésitez pas. Je mets l'adresse dans la description du podcast. Les gens peuvent te joindre à cette adresse. Je te remercie. Franchement, Samuel, c'était top de pouvoir échanger. C'était un peu court, une heure, mais il y aura une partie deux si tu es disponible et que ça te dit. Mais je pense que tu as partagé énormément d'informations qui pourront aider les apprenants. Donc ça, c'est vraiment très sympa et j'espère que tu as passé un bon moment.
Samuel
Oui, je te remercie beaucoup, Charles. C'était très agréable pour moi. On va devoir voir le résultat, voir si l'enregistrement est clair et tout ça. Je t'avoue que j'ai entendu un peu de bruit dans la deuxième moitié de la conversation lorsque tu parlais. Il y avait un peu de... Je ne sais pas comment dire. Static, ce n'était pas très clair, mais je pouvais t'entendre sûrement. Tu as dit que c'est la première fois que tu utilises ce logiciel, mais peut-être si ça marche bien et l'enregistrement est clair, je devrais tenter à l'utiliser aussi.
Charles
Non, je pense qu'on verra de toute façon. Je verrais juste, moi, j'ai un rendez-vous dans une minute, donc je vais devoir te quitter.
Samuel
Je te laisse, Charles. Je te remercie.
Charles
Je te tiens au courant. Je t'envoie un message demain pour te dire, mais je pense qu'il y a des options pour améliorer le son, donc il n'y aura pas de problème là-dessus.
Samuel
Ça marche. Ça te va ?
Charles
Allez, salut Charles. Salut Charles. À bientôt. Merci encore.
Orateur 3
Ciao, ciao.
Samuel
Salut.