Si je te dis Jean Anouilh, tu penses à quoi ? Aux Nouilles, à Jean Valjean, ou alors à une pièce incontournable du théâtre français: Antigone. J'espère que c'est la troisième réponse et que tu penses bien à la pièce de théâtre, parce qu'Anouilh a repris ce mythe ancien d'Antigone, la tragédie grecque écrite à l'origine par Sophocle, mais il l'a réécrite dans un style moderne, avec des questions nouvelles. Et c'est exactement de ça dont on va parler aujourd'hui. On va se poser quelques questions comme: Pourquoi Antigone est-elle un personnage si marquant ? Pourquoi cette pièce écrite en 1942, pendant l'occupation en France est-elle toujours aussi actuelle ? Et d'autres questions qui viendront par la suite. Si ça t'intéresse, je t'invite à regarder ou à écouter la suite. Et on est parti.
Pour comprendre Antigone, il faut remonter à l'histoire de sa famille. Tout commence avec Œdipe, devenu roi de Thèbes, après avoir vaincu le Sphinx. En récompense, il épouse la reine Jocaste, mais un jour, la vérité éclate. Œdipe a tué son père et épouser sa propre mère. Horrifié, il se crève les yeux et part en exil, laissant derrière lui ses quatre enfants. Il y Polynice et Étéocle, les deux frères qui se battent pour le pouvoir, Ismène, la sœur sage et raisonnable, et Antigone, la petite dernière, rebelle et déterminée.
Les deux frères, Polynice et Étéocle, finissent par s'entretuer dans une guerre fratricide. Leur oncle, Créon, prend le pouvoir et interdit d'enterrer Polynice, qu'il considère comme un traître. Et c'est à ce moment-là que commence la pièce d'Anouilh, Antigone.
Jean Anouilh choisit un décor neutre. Il n'y a pas de colonnes antiques ou de palais imposants. Tout est simple, presque vide. C'est un décor minimaliste qui donne à la pièce un aspect intemporel. Elle pourrait se passer n'importe où, n'importe quand. Au début, un personnage appelé prologue entre en scène pour présenter les personnages. Ce choix vient directement du théâtre grec, où le prologue servait à résumer le contexte. Ici, Anouilh donne une touche moderne et symbolique à cette introduction. Et justement, Antigone est décrite comme une jeune fille maigre, sombre, discrète, mais prête à défier le monde entier. Sa sœur Ismène est tout le contraire. Belle, lumineuse, sociable. Elle représente la recherche du bonheur. Et ces deux personnages s'opposent. Antigone choisit la révolte, le devoir, la liberté à tout prix, Ismène préfère la prudence, la vie et le compromis. Antigone ne supporte pas l'ordre de Créon d'interdire l'enterrement de Polynice. Pour elle, enterrer les morts est un devoir sacré.
Elle décide donc d'agir même si elle sait que cela la condamne. Et la grande question de la pièce est la suivante: Pourquoi ? Pourquoi Antigone refuse-t-elle de se soumettre alors que rien ne l'y oblige. Pourquoi ? Et Anouilh montre que la mort d'Antigone n'est pas une fatalité divine comme dans la tragédie antique. Ici, c'est choix personnel, presque absurde d'ailleurs. Elle meurt parce qu'elle refuse de renoncer à ses principes. Cette idée est très moderne. Elle rappelle, par exemple, la révolte contre un monde injuste et absurde, comme on peut l'avoir dans L'Étranger d'Albert Camus, que vous pouvez lire aussi. C'est sympa. Le personnage de Créon est aussi l'essentiel dans cette pièce. Il est fatigué, humain. Avant, il aimait les belles choses comme la musique ou les livres, mais il a dû abandonner tout cela pour prendre le pouvoir. Créon représente l'ordre et la raison. Il ne veut pas tuer Antigone, mais il ne peut pas laisser quelqu'un défier son autorité. C'est un homme pragmatique qui fait des compromis pour gouverner. Et son opposition avec Antigone est l'un des grands thèmes de la pièce. Créon choisit le pouvoir et le compromis pour maintenir l'ordre. Antigone choisit la liberté et le refus de se plier aux règles.
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Ces petits détails apportent un contraste intéressant entre la gravité de l'histoire, rappelons-là, c'est la mort, quand même, d'Antigone, et des moments presque comiques. Ça rend la pièce à la fois profonde, mais aussi accessible. Est-ce que tu savais que la pièce de Jean a été jouée pour la première fois en 1944 pendant l'occupation allemande de la France. Et à l'époque, certains y voyaient une critique de l'ordre établi et du pouvoir autoritaire. Par exemple, les gardes en cirés noirs, rappelaient les agents de la Gestapo. Et la lutte d'Antigone pouvait symboliser la résistance face à l'oppression. Jean Anouilh raconte d'ailleurs qu'un écrivain allemand avait alerté Berlin, trouvant la pièce démoralisante. Et ça montre à quel point Antigone raisonnait avec les événements de l'époque.
Pour conclure, Antigone de Jean Anouilh, c'est bien plus qu'une simple réécriture de Sophocle. C'est une pièce qui est moderne, universelle, qui pose des questions fondamentales. Faut-il obéir à l'ordre établi ? Faut-il tout sacrifier pour rester fidèle à ses principes ? Je vous laisse vous poser ces questions, mais avec ces thèmes de liberté, de pouvoir, d'absurde, la pièce continue de fasciner les spectateurs aujourd'hui et j'aimerais bien savoir ce que vous pensez d'Antigone.
Donc, mettez-moi dans les commentaires votre avis sur la pièce. Est-ce que vous auriez fait la même chose à sa place ? Si vous avez aimé cet épisode, n'hésitez pas à liker, partager, commenter. Partagez votre avis en commentaire par mail à [email protected]. Je vous souhaite une très bonne journée. C'était Carlito. On se voit la semaine prochaine pour une nouvelle aventure culturelle. C'est Carlito. Où Charles ? Ciao ciao.