#26 Union européenne : Vers un nouvel élargissement ?
Aujourd'hui, je voulais parler avec vous de l'Union européenne. Bon, déjà, vous savez tous, je pense,
que la France fait partie de l'Union européenne, mais ce n'est pas pour ça que j'ai choisi de parler de
ce sujet aujourd'hui. Si je voulais en parler avec vous, c'est parce que l'Ukraine est candidate à
l'adhésion à l'Union européenne, tout comme huit autres pays. Et aujourd'hui, je voulais voir avec
vous la possibilité d'un nouvel élargissement de l'Union européenne. D'abord, il faut savoir que
l'Union européenne s'est élargie à de nouveaux États à sept reprises, passant de six pays fondateurs
dans les années 1950, à 27 États membres à ce jour. Le dernier élargissement a eu lieu en 2013.
L'intégration de nouveaux pays a connu un coup d'arrêt il y a une dizaine d'années, mais l'invasion de
l'Ukraine par la Russie en février 2022 a relancé le processus d'élargissement. Alors, pourquoi ça
compte ?
Pourquoi la guerre relance-t-elle le processus d'élargissement ? Eh bien, l'invasion de l'Ukraine par la
Russie en février 2022 et le conflit qui a suivi ont relancé le processus d'élargissement de l'Union
européenne, qui stagnait depuis une décennie. L'élargissement constitue un investissement
géostratégique pour la paix, la sécurité, la stabilité, et la prospérité, ont affirmé les dirigeants de
l'Union européenne dans une déclaration commune d'octobre 2023, exposant leurs priorités. Quatre
nouveaux pays ont obtenu le statut de candidat à l'adhésion à l'Union européenne depuis le début du
conflit : l'Ukraine, qui a déposé sa demande d'adhésion dès février 2022, ainsi que la Moldavie, la
Géorgie, et la Bosnie-Herzégovine. L'Union européenne a également relancé ces derniers mois le
processus d'adhésion des pays des Balkans occidentaux, comme l'Albanie et la Serbie, dont les
prémisses remontent au début des années 2000. "Nous devons être prêts, de part et d'autre, d'ici à
2030, à un élargissement", a estimé Charles Michel, le président du Conseil européen, qui réunit les
dirigeants des États membres de l'Union européenne en août 2023. Mais l'adhésion à l'Union
européenne ne se fait pas sans condition. Cette adhésion apporte bien évidemment aux nouveaux
États des avantages, comme la stabilité politique et l'augmentation des échanges grâce à l'accès au
marché unique. En effet, l'élargissement du marché unique accroît la prospérité et les perspectives
des entreprises et des citoyens européens et renforce la présence de l'Union européenne sur la scène
internationale. Tout État européen qui respecte les valeurs démocratiques de l'Union européenne,
comme la liberté, la démocratie, l'État de droit, et s'engage à les promouvoir, peut demander à
adhérer à l'Union européenne, selon le traité sur l'Union européenne, justement appelé le traité de
Maastricht, un des traités constitutifs de l'Union européenne. Pour devenir membre, le pays candidat
doit remplir trois principaux critères politiques et économiques, appelés les critères de Copenhague.
Ce pays doit mettre en œuvre, pendant les négociations d'adhésion, des réformes pour satisfaire à
ces critères. La capacité de l'Union européenne à intégrer de nouveaux membres est également prise
en compte. Le processus d'adhésion à l'Union européenne est long et rigoureux, avec trois étapes
principales soumises à l'approbation unanime des pays membres. Voyons maintenant ensemble les
trois principaux critères d'adhésion, appelés justement les critères de Copenhague. Le premier est de
disposer d'institutions stables pour garantir la démocratie, la primauté du droit, les droits humains, et
la protection des minorités. Ensuite, il faut avoir une économie de marché viable et la capacité à faire
face à la pression concurrentielle du marché européen. Ensuite, il faut avoir la capacité d'assumer les
obligations découlant de l'adhésion à l'Union européenne, soit de mettre en œuvre l'ensemble de la
législation européenne. Il y a trois grandes étapes du processus d'adhésion. La première est la
candidature. Le Conseil de l'Union européenne accorde officiellement le statut de pays candidat à
l'adhésion à l'UE sur recommandation de la Commission européenne, qui a vérifié la capacité du pays
candidat à remplir les critères d'adhésion. Ensuite, il y a les négociations formelles d'adhésion. Au
cours de ce processus, le pays candidat met en place des réformes judiciaires et économiques pour
répondre aux critères d'adhésion. Et enfin, nous avons l'adhésion. Une fois que le pays candidat est
prêt, un traité d'adhésion est élaboré, précisant les modalités et conditions de l'adhésion. Le traité
doit être approuvé par les différentes institutions de l'Union européenne, puis signé et ratifié par tous
les États membres et par le pays candidat. Mais l'élargissement pose aussi de nombreux défis et
accroît la complexité institutionnelle de l'Union européenne, rendant parfois plus difficile la prise de
décision. Un groupe d'experts mandatés par la France et l'Allemagne a estimé dans un rapport de
septembre 2023 que l'Union européenne devait procéder à des réformes avant tout nouvel
élargissement. Faute de quoi, la capacité de l'Union européenne à fonctionner sera menacée. Ce
groupe d'experts recommandait, par exemple, de généraliser le vote à la majorité qualifiée, c'est-à-
dire un vote rassemblant au moins 55 % des États membres et qui représente au moins 65 % de la
population totale de l'Union européenne. Ce vote devrait être généralisé dans tous les domaines de
décision relevant encore de l'unanimité au Conseil de l'Union européenne, qui rassemble, je vous
rappelle, les ministres des États membres en fonction du sujet concerné. Le Conseil de l'UE doit voter
à l'unanimité sur certains domaines, dont la fiscalité et la politique étrangère et de sécurité
commune. Cette règle confère ainsi un droit de veto à chacun des États membres, qui peut en user
pour bloquer une décision ou peser dans des négociations. J'aimerais maintenant citer le président
du Conseil européen, Charles Michel, qui a dit en août 2023 : "Pour être plus forte et plus sûre,
l'Union européenne doit renforcer ses liens et devenir plus puissante. C'est pourquoi le temps est
venu de relever le défi de l'élargissement." Est-ce que vous pensez, vous, comme Charles Michel, que
pour être plus forte et plus sûre, l'Union européenne doit s'élargir et accepter de nouveaux pays ?
Dites-moi dans les commentaires ce que vous en pensez. Et maintenant, revenons sur quelques dates
très importantes à retenir sur l'histoire de l'Union européenne. La première, c'est 1957, la fondation
de la CEE. En 1957, six pays, la Belgique, la France, l'Allemagne de l'Ouest, l'Italie, le Luxembourg, et
les Pays-Bas, signent le traité de Rome qui institue la Communauté économique européenne, CEE. Ils
se disent déterminés à établir les fondements d'une union sans cesse plus étroite entre les peuples
européens, après le succès de la Communauté européenne du Charbon et de l'Acier, la CECA, qu'ils
avaient fondée en 1952, après la Seconde Guerre mondiale, pour créer les conditions d'une paix
durable sur le continent. La CEE élargit leur domaine de coopération économique. Elle établit un
marché commun basé sur la libre circulation des marchandises, des personnes, des services, et des
capitaux, et prévoit l'instauration de politiques communes dans plusieurs secteurs, comme
l'agriculture et le transport. La CEE entre en vigueur le 1er janvier 1958. Elle intégrera de nouveaux
membres à partir de 1973 puis deviendra l'Union européenne en 1993 après la signature du traité de
Maastricht qui ajoutera une vocation politique à la communauté. La deuxième date qu'il faudrait
retenir est la suivante : 2004. Dix pays intègrent l'UE le 1er mai. C'est un élargissement historique.
L'Union européenne passe alors de 15 à 25 États membres, soit le plus important élargissement
qu'elle ait connu à ce jour. Les nouveaux États membres sont pour la plupart issus de l'ancien Bloc
soviétique. Cet élargissement clôt un long processus d'adhésion qui a permis la réunification du
peuple européen, divisé durant un demi-siècle par le rideau de fer et la guerre froide, jusqu'à la chute
de l'URSS en 1991. Si l'intégration de ces nouveaux pays aux situations économiques variées permet
d'élargir le marché unique et de stimuler la croissance, elle demande aussi à l'Union européenne des
efforts financiers pour les assister dans le cadre de la préadhésion. Ces dix pays bénéficient encore
aujourd'hui du fonds de cohésion, un dispositif de l'Union européenne destiné aux régions les moins
développées pour les aider à rattraper leur retard de développement. 2013 : Le coût d'arrêt.
L'adhésion de la Croatie en 2013, qui devient le 28e membre de l'UE, est le dernier élargissement en
date. L'année suivante, Jean-Claude Juncker, sur le point de devenir président de la Commission
européenne, l'une des deux branches exécutives de l'UE, déclare dans un discours sur ses
orientations politiques que l'UE a besoin de faire une pause dans son processus d'élargissement afin
de consolider ce qui a été réalisé à 28. Si les négociations continuaient avec les pays candidats des
Balkans occidentaux, il n'y aurait pas de nouvel élargissement sous sa présidence. Ce coup d'arrêt
s'explique en partie par le bilan mitigé des derniers élargissements de 2004 et 2007. En effet, il y a eu
un recul des libertés et de la démocratie en Pologne et en Hongrie, ainsi qu'une importante
corruption en Roumanie et en Bulgarie, qui sont entrées en 2007. 2020 : Le retrait inédit d'un État
membre. Le Royaume-Uni, membre depuis 1973, quitte officiellement l'Union européenne en janvier
2020. Ce départ est l'aboutissement d'un long processus de négociations sur les conditions du retrait,
qui a commencé après un référendum en 2016 au Royaume-Uni sur l'appartenance du pays à l'UE.
Les partisans du Brexit ont mis en avant un retour à la souveraineté du pays, en matière économique
ou encore migratoire. L'Union européenne et le Royaume-Uni concluent par la suite des accords pour
régir leurs relations futures. Le Brexit s'accompagne, à compter de 2021, d'un retour des contrôles
douaniers sur les marchandises et de la fin de la libre circulation des personnes. Le Royaume-Uni est
le seul État à ce jour à avoir quitté l'Union européenne. Jusqu'alors, seuls des territoires relevant
d'État membre, comme l'Algérie pour la France et le Groenland pour le Danemark, en étaient sortis.
Des revendications politiques de sortie de l'Union européenne émergent dans d'autres pays, comme
le Frexit ou le Pollexit. Le retrait volontaire est unilatéral d'un pays de l'UE et prévu par l'article 50 du
Traité sur l'Union européenne.
Revenons sur un chiffre important lorsque l'on parle d'élargissement de l'Union européenne. Ce
chiffre est le chiffre 9. Neuf pays candidats ont aujourd'hui le statut de candidat officiel à l'adhésion à
l'Union européenne. Il y a l'Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la Géorgie, la Moldavie, le Monténégro, la
Macédoine du Nord, la Serbie, la Turquie, et l'Ukraine. Tous n'en sont pas au même stade de la
procédure d'adhésion. Dans le cas de la Turquie, les négociations, qui ont débuté en 2005, sont au
point mort depuis 2018, en raison de la dégradation constante de la situation en matière de
démocratie, d'état de droit, et de droits fondamentaux. Par ailleurs, le Kosovo a déposé sa
candidature mais n'a toujours pas obtenu à ce jour le statut de candidat. Est-ce que vous saviez que le
processus d'adhésion a pris en moyenne 9 ans pour les 21 États membres actuels qui ont adhéré à
l'Union européenne après sa fondation ? Ce temps du processus peut toutefois varier
considérablement d'un pays à l'autre. Il était, par exemple, de trois ans pour la Finlande et de 14 ans
pour Malte et Chypre. Bon, je vais m'arrêter là, je ne vais pas vous expliquer quelles sont toutes les
institutions de l'Union européenne, et je voulais surtout revenir sur ma question initiale. On parlait
d'élargissement et notamment de l'acceptation ou non de l'adhésion de l'Ukraine à l'Union
européenne. Certains sont pour et d'autres sont contre. Et je voulais partager avec vous une citation
de Victor Orban, le Premier ministre de la Hongrie, en décembre 2023 : "Le travail de préparation
pour que l'Ukraine puisse devenir membre de l'UE d'une manière bien structurée, apportant
davantage que cela ne nous coûterait, n'a pas été fait. Il est donc préférable de ne pas commencer à
négocier." Je vous laisse avec cette citation, et j'espère que cela vous fera réfléchir sur les pour et les
contre de l'acceptation de l'Ukraine. Si jamais vous avez aimé ce podcast et cet épisode, n'hésitez
vraiment pas à mettre 5 étoiles sur Apple Podcast ou Spotify. C'est vraiment très important, je le
répète, c'est très important pour permettre au podcast d'être connu par un plus grand nombre et me
permettre de continuer, car ça m'encourage et ça me montre que vous aimez ce que je fais et que je
ne travaille pas pour rien. N'oubliez pas aussi de parler de ce podcast à tous vos proches, vos amis,
vos collègues, vos connaissances, toute personne dans votre entourage qui étudie le français et qui
pourrait bénéficier de ce podcast. Il est temps de se quitter. Je vous remercie pour votre écoute. Je
vous dis à la semaine prochaine. C'était Carlito. Ciao.