Jeux Olympiques 2024 : à qui bénéficient-ils ?
Chaque jour apporte son lot de controverses autour des Jeux Olympiques prévus cet été à Paris.
Premièrement, il y a l'enquête sur la rémunération de Tony Estanguet, le président du Comité
d'organisation des Jeux Olympiques.
Puis, plusieurs affaires inquiètent : soupçons de prise illégale d'intérêt, de favoritisme, de
détournement de fonds publics concernant certains marchés, le déplacement forcé des bouquinistes,
sans oublier les étudiants et les sans-abris déplacés loin des yeux du public.
Ce qui surprend, c'est l'absence de débat ou de consultation populaire sur l'organisation des Jeux à
Paris.
Comment l’expliquer ?
Dans le dossier de candidature de Paris pour les Jeux de 2024, disponible en ligne, il était précisé
qu'une consultation n'était pas envisagée, voire qu'il était juridiquement impossible en France
d'organiser un référendum à ce sujet.
Ce qu’il faut savoir, c’est qu’en 2015, lors de la candidature de Paris, plusieurs villes avaient renoncé à
se présenter, à la suite de référendums ou de manifestations populaires.
Parmi elles, Rome, Hambourg, et Boston.
Et à ce moment-là, le CIO, donc le Comité International Olympique, qui est la grande instance
organisatrice de ces Jeux Olympiques, craignant de manquer de candidats, a donc favorisé les villes
moins réticentes, comme Paris.
Quand Paris a obtenu l'organisation en 2017, c'était la seule ville candidate.
L'argument principal de la candidature parisienne était d'organiser les Jeux sans dépenses d'argent
public, sous le slogan “les jeux financent les jeux”.
Cependant, la réalité est plus complexe.
“Les jeux financent les jeux”, ça a été une formule géniale qui a débloqué les réticences à l'époque sur
le risque de débord financier. Car oui, les Jeux Olympiques coûtent souvent plus que prévu.
Des chercheurs de l'Université d'Oxford, après avoir analysé les budgets des Jeux sur 50 ans, ont
conclu que ces méga événements dépassent toujours les budgets initiaux.
Exposition universelle, coupe du monde de foot, EPR… Tous ces méga événements débordent
toujours le plus financièrement.
Pour Paris 2024, les dépenses estimées s'élèvent à environ 9 milliards d'euros.
On verra à la fin combien ça coûte.
Ce budget est partagé entre le Comité d'Organisation des Jeux Olympiques (COJO), dirigé par Tony
Estanguet, et la SOLIDEO, la société de livraison des ouvrages olympiques, l’aménageur public des jeux
qui a notamment construit la grande piscine de Saint-Denis.
Le COJO bénéficie de 97 % de financement privé, soit environ 4,5 milliards d'euros.
La SOLIDEO, quant à elle, mélange fonds publics et privés.
Par exemple, le village olympique, situé entre Saint-Denis et Saint-Ouen, a nécessité un
investissement de 2 milliards d'euros, majoritairement privé.
La Cour des comptes, qui est quand même la gardienne des comptes publics en France, malgré
plusieurs rapports, peine à estimer le coût final pour les finances publiques. Son président a suggéré
que cela pourrait atteindre environ 3 milliards d'euros.
Les périmètres de dépenses évoluent, rendant le calcul complexe et opaque.
C’est difficile de calculer, parfois on prend l'inflation, parfois on ne prend pas on compte toutes les
dépenses (par exemple pas les transports pas la sécurité pas la mise à disposition de la seine qui est
quand même un espace public).
Bref c'est vraiment très complexe et relativement opaque.
Le principal bénéficiaire des Jeux Olympiques semble être le Comité International Olympique (CIO). En
effet, selon les termes du contrat, si les Jeux génèrent des bénéfices, une partie revient au CIO. Mais si
les Jeux sont déficitaires, c'est la ville organisatrice, et donc l'État, qui en assume les coûts. Ce principe
a été approuvé par le Parlement, mettant en évidence un rapport de force très favorable au CIO.
De nombreuses entreprises, particulièrement dans le BTP, le secteur de l’immobilier, et le tourisme,
bénéficient des Jeux.
Elles participent à l'organisation et profitent financièrement des retombées. Le secteur immobilier,
par exemple, tire un grand profit de la construction des infrastructures olympiques.
L'ouest de la Seine-Saint-Denis, où est situé le village des athlètes, est censé bénéficier des Jeux.
Cependant, cette opération immobilière a considérablement augmenté les prix de l'immobilier dans la
région. Cette vaste opération de promotion immobilière qui a permis de doubler le prix du mètre
carré.
Le village des athlètes, financé par de grands groupes comme Vinci et Eiffage, va se transformer en
quartier résidentiel après les Jeux. Il est prévu pour accueillir 6000 résidents et autant de travailleurs.
Cependant, le coût élevé des logements pose question : les prix sont bien supérieurs à la moyenne de
la Seine-Saint-Denis, rendant ces logements inaccessibles pour la majorité des habitants actuels du
département.
Donc on construit certes du logement en plus mais qui va en bénéficier ?
Il y a une forme d’injustice car ce sont bien deux milliards d'euros qui ont été investis dans le village
des athlètes, un montant presque équivalent à celui dépensé par l'Agence nationale de rénovation
urbaine pour la rénovation des quartiers populaires en Seine-Saint-Denis, où résident 600 000
personnes.
Cela met en lumière une disproportion dans l'utilisation des fonds publics, favorisant une alliance
entre de grands intérêts privés et le soutien puissant de l'État.
Cette situation crée une forme de violence symbolique, trahissant les promesses faites aux habitants
locaux.
Les Jeux Olympiques, représentés par une puissance publique solide et des intérêts privés importants,
avancent inexorablement, tels un bulldozer, transformant profondément les territoires et les
communautés.
D’ailleurs, j’ai une question pour vous.
Est-ce que le fait de ne pas consulter la population pour approuver l'organisation des JO est un grand
manquement à la démocratie ?
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C’était Carlito.
La bise.
Ciao.